À Chemin d’Aisey (21), la Ferme du bout de Chemin, tenue par la famille Molé depuis plus d’un demi-siècle, s’est reconvertie dans l’élevage de cochons biologiques il y a douze ans.
« En 2012, quand on s’installait en bio, on était vus comme des farfelus »
Au cœur de la Côte d’Or, à la croisée des chemins reliant les communes qui l’entourent, le petit village de Chemin d’Aisey abrite des agriculteurs qui souhaitent revenir aux valeurs d’antan. Ici, toutes les maisons sont en pierres apparentes, l’ambiance est calme, quelques tracteurs passent par moment, cassant au passage le fond sonore composé de chants d’oiseaux. Lorsque nous amorçons la courte montée vers la ferme, les cris des cochons ainsi que l’odeur nous indiquent que nous sommes au bon endroit. Une fois arrivés à la porcherie, Florence Molé et son fils Erwann nous accueillent pendant qu’ils nourrissent les cochons. La discussion s’engage. Entre deux interventions du petit garçon qui nous parle de ses nouvelles cartes Pokémon, l’agricultrice nous explique les protocoles à suivre lorsqu’on produit du cochon bio. Ici, le bien-être animal et environnemental est une des priorités. « On est attachés à nos truies, c’est paradoxal parce qu’on les mange à la fin mais on établit un vrai lien de confiance avec elles. » me confie-t-elle. Nous enchainons avec le laboratoire où la viande est préparée avant sa mise en vente. La semaine type est : jeudi, les cochons sont envoyés à l’abattoir, ils sont récupérés le vendredi, préparés en début de semaine suivante et les principaux jours de vente sont le mercredi et le vendredi. « Si on s’écoutait on travaillerait sept jours sur sept, mais lorsque Jean François, notre beau-frère ancien cariste nous a rejoint, il nous a apporté cet état d’esprit d’entreprise classique où on s’accorde des pauses et des vacances. »
Alors que nous nous posons autour d’un café, Jean Yves, dit « Jean Jean », son conjoint vient avec nous pour parler du contexte qui les a menés à prendre cette direction. Elle représente la cinquième génération d’agriculteurs de sa famille. En 2012, le jeune couple décide de reprendre la ferme de Michel, le père de Florence. Ils ont tous les deux environ 10 ans d’études et d’expérience dans le milieu porcin car il est aussi enfant d’agriculteurs. « Pendant les études on ne nous apprend à faire que d’une manière précise, et ça s’apparente plus à de la chimie qu’à de l’agriculture. ». Lorsqu’ils décident de s’installer en bio, ils évitent d’en parler au début : « À l’époque quand on s’installait en bio on était vus comme des gens farfelus, d’ailleurs mon père avait peur qu’on échoue, aujourd’hui tout le village s’est converti en bio ou est en train de le faire et mon père en est très heureux. »
L’autre objectif qui anime cette petite entreprise familiale est de redynamiser le secteur local en favorisant les circuits courts. Exit l’abattoir, passage obligatoire, ils prennent en charge la totalité du processus qui va de la culture de la nourriture des animaux à la vente qu’ils assurent eux même grâce à leur petite boutique et au Drive Fermier. « On cherche à revenir à l’esprit paysan. Nous, on veut respecter les animaux, la terre et redynamiser le secteur local avec les circuits courts. Avec la demande qu’on a on pourrait s’étendre et tuer la concurrence, mais si demain quelqu’un souhaite lancer son exploitation dans le village, on préfère l’aider pour qu’il réussisse. ».